La maison où j’ai grandi
Un voyage en enfance. C’est ce que propose Jacques Merle à l’occasion de sa première
expo-sition personnelle en France. Voyage hors de la ville, dans le cadre idyllique d’un
jardin près de Fontainebleau. L’oeuvre de l’artiste se cueille, dans l’atmosphère romantique d’une oran-gerie, à l’écart d’une belle demeure familiale. Le cadre dans lequel cette
exposition se joue, résonne avec la thématique du souvenir de jeunesse. «La Maison
où j’ai Grandi» : son titre est emprunté à une chanson de Françoise Hardy, innocente de
simplicité.
Comme sous l’oeil des plus jeunes enfants, les oeuvres de Jacques Merle font ressurgir
des souvenirs à demi-effacés où le conte se mêle à l’imagination pure. « Le chaudron,
le rouge-gorge, la fleur de ma grand-mère », ces objets et créatures dont se rappelle l’artiste de-viennent les sujets d’oeuvres aux formes diverses. Mais au centre de ses compositions, ce sont surtout les visages. Des figures si caractéristiques de son style ingénu,
reflets de lui-même, parfois sous les traits de héros de l’enfance. Toutes ces têtes portent
un regard mé-lancolique, comme des incarnations contemporaines de Pierrot, la larme
perlant sur la joue et le chef couvert d’un chapeau. Derrière ces attachants personnages,
la critique sociale se fait jour : celle du virilisme ambiant où l’homme troque sa sensibilité contre une force bien illusoire. Les corps que peint l’artiste, loin de correspondre aux
standards de mâles domi-nants, sont des formes à l’anatomie libérée, arrondie et féminine. Leurs grands yeux emplis d’émotion nous attendrissent plus qu’ils ne nous intimident. Les dessins de l’artiste, et de façon inédite, ses peintures, sont des refuges qui
ignorent les contraintes des adultes.
« La Maison où j’ai Grandi » c’est aussi celle des premiers liens d’amitiés, à la vie à la
mort, qui reprennent vie. Pour l’exposition, l’artiste a su s’entourer d’autres talents ..
Texte Samuel Landée